Ce dimanche 16 juillet 2023, nous avons appris le décès de Jane Birkin. La célèbre chanteuse et actrice britannique, qui avait obtenu la nationalité française, a été retrouvée sans vie dans sa résidence parisienne. Elle souffrait de problèmes de santé depuis plusieurs mois et avait annulé tous ses concerts prévus pour cet été. Retour sur le parcours exceptionnel d’une artiste qui a marqué plusieurs générations.
Une enfance londonienne et des débuts au théâtre
Jane Birkin est née le 14 décembre 1946 à Londres, dans le quartier de Marylebone. Elle est la fille de David Birkin, un commandant de la Royal Navy qui a aidé la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, et de Judy Campbell. Jane Birkin, une artiste polyvalente, a été la muse du dramaturge Noël Coward en plus de ses talents d’actrice et de chanteuse. Elle a une sœur cadette, Linda, et un frère aîné, Andrew, qui deviendra également acteur et réalisateur.
Jane Birkin se passionne très tôt pour la comédie et fait ses débuts au théâtre à l’âge de 17 ans. Elle joue notamment dans des pièces de Graham Greene et dans une comédie musicale intitulée Passion flower hotel. Elle se fait remarquer au cinéma en 1966 dans le film Blow-up de Michelangelo Antonioni, qui remporte la Palme d’or au Festival de Cannes. Elle y apparaît nue dans une scène érotique avec David Hemmings.
En 1965, elle épouse le compositeur John Barry, connu pour avoir écrit les musiques des films James Bond. Ils ont une fille, Kate, née en 1967. Mais le couple divorce en 1968.
Une rencontre décisive avec Serge Gainsbourg
En 1968, Jane Birkin vient tourner en France le film Slogan de Pierre Grimblat. Elle y fait la connaissance de Serge Gainsbourg, qui joue son partenaire à l’écran. C’est le coup de foudre entre les deux artistes, qui entament une relation amoureuse et professionnelle qui durera plus de dix ans.
Serge Gainsbourg compose pour Jane Birkin des chansons qui vont faire d’elle une star internationale. La plus célèbre est sans doute Je t’aime… moi non plus, enregistrée en 1969 et qui provoque un scandale à cause de ses soupirs suggestifs. Le titre est censuré dans plusieurs pays mais atteint la première place des ventes au Royaume-Uni.
Jane Birkin devient également l’égérie et la muse de Serge Gainsbourg au cinéma. Elle joue dans plusieurs films qu’il réalise ou scénarise, comme Cannabis (1970), La Morte dans l’âme (1971), Je t’aime moi non plus (1976) ou L’Amour est enfant de salaud (1977). Elle tourne aussi avec d’autres réalisateurs renommés comme Jacques Rivette (L’Amour fou), Jacques Doillon (La Fille prodigue) ou Agnès Varda (Kung-Fu Master).
En 1971, Jane Birkin donne naissance à sa deuxième fille, Charlotte Gainsbourg, qui suivra les traces de ses parents en tant qu’actrice et chanteuse. Jane Birkin et Serge Gainsbourg se séparent en 1980 mais restent proches jusqu’à la mort de ce dernier en 1991.
Une carrière solo éclectique et engagée
Après sa rupture avec Serge Gainsbourg, Jane Birkin poursuit sa carrière solo dans la chanson et le cinéma. Elle collabore avec d’autres compositeurs comme Philippe Labro, Michel Berger ou Étienne Daho. Elle interprète notamment des reprises de standards américains (Baby Alone in Babylone), des chansons pour enfants (La Chanson du hérisson) ou des titres plus rock (Ex-fan des sixties).
Elle se produit également sur scène pour la première fois en 1987 au Bataclan à Paris. Elle reprend alors le répertoire que Serge Gainsbourg a écrit pour elle. Elle continuera à lui rendre hommage régulièrement lors de ses concerts, notamment au Casino de Paris en 1991, à l’Olympia en 1992 ou au Zénith en 1996.
Jane Birkin se diversifie aussi dans le domaine du théâtre, où elle joue des pièces de Harold Pinter, Marguerite Duras ou Tennessee Williams. Elle s’essaie également à la réalisation avec deux films : Boxes en 2007 et La Femme et le TGV en 2016. Elle apparaît aussi dans des séries télévisées comme Dustbin Baby ou Call My Agent !
Jane Birkin est aussi une femme engagée dans plusieurs causes humanitaires. Elle est notamment ambassadrice de bonne volonté de l’Unicef depuis 1991 et soutient des associations comme Amnesty International, Aides ou Reporters sans frontières. Elle milite aussi pour la défense des droits des femmes, des animaux et de l’environnement.
Une fin de vie marquée par le deuil et la maladie
Jane Birkin a connu plusieurs drames dans sa vie. En 2013, elle perd sa fille aînée, Kate Barry, qui se suicide en se défenestrant de son appartement parisien. Kate Barry était photographe et mère de trois enfants. Jane Birkin lui rend hommage dans son album Fictions, sorti en 2014.
En 2016, Jane Birkin révèle qu’elle souffre d’une leucémie myéloïde chronique, une forme rare de cancer du sang. Elle suit un traitement qui lui permet de stabiliser sa maladie. Elle continue à chanter et à tourner malgré sa fatigue. Elle publie notamment un album de reprises de Serge Gainsbourg avec des arrangements symphoniques, intitulé Birkin/Gainsbourg : Le Symphonique, en 2017.
En 2021, Jane Birkin est victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’oblige à annuler plusieurs dates de concert. Elle se repose chez elle et espère pouvoir remonter sur scène prochainement. Mais le 16 juillet 2023, elle est retrouvée morte à son domicile à l’âge de 76 ans. La raison de son décès n’a pas encore été divulguée.
Jane Birkin : une artiste inoubliable qui a marqué son époque
Jane Birkin a été une icône de la chanson et du cinéma pendant plus de cinquante ans. Elle a marqué les esprits par sa voix, son charme, son talent et sa personnalité. Elle a formé un couple mythique avec Serge Gainsbourg, qui lui a offert ses plus belles chansons. Elle a aussi mené une carrière solo éclectique et engagée dans plusieurs domaines artistiques et humanitaires. Elle a connu des joies et des peines, mais elle a toujours gardé sa fraîcheur et sa générosité. Sa disparition laisse un grand vide dans le cœur de ses fans et de ses proches.