Google est le moteur de recherche le plus utilisé au monde, avec plus de 90% de part de marché. Mais ce succès a un coût : la firme de Mountain View doit payer des milliards de dollars chaque année à ses partenaires pour rester visible et dominant. Parmi eux, Apple est le plus important, puisque Google a versé 18 milliards de dollars à la marque à la pomme en 2021 pour être le moteur de recherche par défaut de l’iPhone. Pourquoi Google accepte-t-il de payer une telle somme ? Quels sont les enjeux et les risques de cet accord ?
Un accord gagnant-gagnant entre Google et Apple
Google et Apple sont à la fois des concurrents et des partenaires. Les deux géants de la tech se livrent une bataille acharnée sur le marché des smartphones, avec Android et iOS, les deux systèmes d’exploitation les plus populaires au monde. Mais ils ont aussi besoin l’un de l’autre pour générer des revenus. En effet, Google tire la majorité de ses profits de la publicité en ligne, qui dépend du trafic généré par son moteur de recherche. Or, l’iPhone est le smartphone le plus vendu aux États-Unis, le marché le plus lucratif pour Google. Il est donc vital pour Google de rester le moteur de recherche par défaut de l’iPhone, pour capter les requêtes des utilisateurs et leur afficher des annonces ciblées.
De son côté, Apple profite largement de cet accord, qui lui permet de toucher une part importante des revenus publicitaires de Google. Selon les estimations, Google aurait versé 18 milliards de dollars à Apple en 2021, soit environ 9% du chiffre d’affaires total de la firme de Cupertino. Cet argent contribue à la rentabilité d’Apple, qui peut ainsi investir dans le développement de ses produits et services.
Ainsi, Google et Apple ont conclu un accord gagnant-gagnant, qui leur permet de renforcer leur position dominante sur le marché des smartphones et de la publicité en ligne.
Un accord menacé par la justice et la concurrence
Toutefois, cet accord n’est pas sans risques pour Google et Apple. En effet, il est dans le viseur des autorités de la concurrence, qui y voient une entrave à la libre concurrence et une atteinte aux droits des consommateurs. Aux États-Unis, le département de la Justice a lancé une procédure antitrust contre Google en octobre 2020, l’accusant d’abuser de sa position dominante pour éliminer ses rivaux. L’accord avec Apple est l’un des principaux motifs de cette plainte, qui pourrait conduire à des sanctions financières ou à une remise en cause du contrat.
En Europe, la Commission européenne a également ouvert une enquête sur les pratiques de Google en matière de publicité en ligne, en juin 2021. Elle soupçonne Google de fausser la concurrence en imposant ses propres services et technologies aux annonceurs et aux éditeurs. L’accord avec Apple pourrait faire partie des éléments examinés par la Commission, qui dispose du pouvoir d’infliger des amendes pouvant atteindre 10% du chiffre d’affaires mondial de Google.
Par ailleurs, Google et Apple font face à la montée en puissance de la concurrence, notamment de la part de Microsoft. Le géant du logiciel a lancé son propre moteur de recherche, Bing, en 2009, et tente de gagner des parts de marché en proposant des fonctionnalités innovantes et des récompenses aux utilisateurs. Selon les rumeurs, Microsoft aurait même proposé à Apple de remplacer Google par Bing comme moteur de recherche par défaut de l’iPhone, en offrant une meilleure rémunération. Si Apple acceptait, cela pourrait porter un coup dur à Google, qui perdrait une source majeure de trafic et de revenus.
Ainsi, Google et Apple sont menacés par la justice et la concurrence, qui pourraient remettre en cause leur accord ou leur faire perdre des utilisateurs.
Google et Apple, un mariage de raison
Google et Apple sont liés par un accord qui leur rapporte des milliards de dollars chaque année, mais qui les expose aussi à des risques juridiques et concurrentiels. Il s’agit d’un mariage de raison, qui repose sur des intérêts communs, mais qui cache aussi des tensions et des rivalités. Google et Apple pourront-ils maintenir leur alliance, ou devront-ils se séparer ? L’avenir nous le dira.
