L’infidélité est un phénomène qui touche de nombreux couples, quels que soient leur âge, leur culture ou leur orientation sexuelle. Selon un sondage Ifop publié en 2017, 33% des femmes et 49% des hommes ont déjà eu au moins une fois dans leur vie un rapport sexuel avec un partenaire autre que leur conjoint. Mais pourquoi l’infidélité féminine est-elle souvent perçue comme plus grave, plus choquante ou plus condamnable que l’infidélité masculine ? Quelles sont les causes et les conséquences de cette différence de traitement ? Voici quelques éléments de réponse.

L’infidélité féminine : un tabou historique et social

L’une des raisons qui expliquent la stigmatisation de l’infidélité féminine est son caractère tabou dans l’histoire et dans la société. Pendant longtemps, les femmes ont été considérées comme la propriété de leur mari, et leur fidélité était une garantie de la légitimité de la descendance. L’adultère féminin était donc sévèrement puni par la loi et par la religion, tandis que l’adultère masculin était toléré, voire encouragé. Par exemple, le Code civil français de 1804 prévoyait une peine d’emprisonnement pour la femme adultère, mais pas pour l’homme. De même, dans certaines cultures ou religions, l’infidélité féminine est encore passible de lapidation, de répudiation ou d’exclusion sociale

Ces normes patriarcales ont laissé des traces dans les mentalités et les représentations collectives. Ainsi, l’infidélité féminine est souvent associée à des qualificatifs péjoratifs, tels que « salope », « traîtresse » ou « dévergondée », alors que l’infidélité masculine est minimisée ou banalisée, voire valorisée comme un signe de virilité ou de succès. L’infidélité féminine est donc perçue comme une transgression plus grave que l’infidélité masculine, car elle remet en cause le statut social du couple et la domination masculine.

L’infidélité féminine : une menace pour le lien affectif

Une autre raison qui explique la différence de perception entre l’infidélité féminine et l’infidélité masculine est le sens et la motivation qui sont attribués à chacune. En effet, il existe une croyance répandue selon laquelle les femmes trompent par amour, alors que les hommes trompent par désir. Autrement dit, les femmes seraient plus attachées aux sentiments et à la relation avec leur amant, alors que les hommes seraient plus guidés par le sexe et par la recherche de sensations nouvelles.

Cette croyance n’est pas totalement infondée, puisque certaines études ont montré que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de développer des sentiments pour leur partenaire extra-conjugal. De plus, les femmes invoquent souvent comme raison de leur infidélité le manque d’attention, de communication ou de complicité avec leur conjoint. Ainsi, l’infidélité féminine est perçue comme une menace plus importante pour le lien affectif du couple, car elle implique une remise en question du sentiment amoureux et de la confiance mutuelle.

L’infidélité féminine : un défi pour l’estime de soi

Enfin, une dernière raison qui explique la différence de réaction face à l’infidélité féminine et à l’infidélité masculine est le rapport à l’estime de soi. En effet, il semblerait que les hommes soient plus blessés dans leur ego que les femmes lorsqu’ils découvrent que leur partenaire les a trompés. Selon une étude menée par des psychologues américains en 2013, les hommes sont plus affectés par l’infidélité sexuelle, alors que les femmes sont plus affectées par l’infidélité émotionnelle. Autrement dit, les hommes se sentent plus humiliés, trahis ou jaloux lorsque leur femme a des rapports sexuels avec un autre homme, alors que les femmes se sentent plus abandonnées, rejetées ou incomprises lorsque leur mari a des sentiments pour une autre femme.

Cette différence s’expliquerait par le fait que les hommes accordent plus d’importance à la performance sexuelle et à la comparaison physique avec leur rival, alors que les femmes accordent plus d’importance à la qualité de la relation et à la communication avec leur partenaire. Ainsi, l’infidélité féminine est vécue comme un défi plus difficile à surmonter pour l’estime de soi des hommes, car elle remet en cause leur capacité à satisfaire sexuellement leur femme et à la garder.

L’infidélité féminine : entre tabou, menace et défi

L’infidélité féminine est donc souvent jugée plus sévèrement que l’infidélité masculine, car elle représente un tabou historique et social, une menace pour le lien affectif et un défi pour l’estime de soi. Toutefois, il faut nuancer ces propos, car il existe des exceptions et des variations selon les individus, les contextes et les cultures. De plus, l’infidélité n’est pas une fatalité, et il est possible de la prévenir, de la comprendre ou de la dépasser, à condition d’en parler avec son partenaire et de chercher ensemble des solutions pour renforcer le couple.