Predator, le logiciel espion européen qui cible la société civile et les personnalités politiques

Predator, le logiciel espion européen qui cible la société civile et les personnalités politiques

Vous connaissez sans doute Pegasus, le logiciel espion israélien qui a fait scandale cet été en révélant qu’il avait infecté les smartphones de milliers de personnes à travers le monde, dont des journalistes, des militants des droits humains et des chefs d’État. Mais connaissez-vous Predator, le logiciel espion européen qui fait l’objet d’une nouvelle enquête choc menée par Amnesty International et le réseau European Investigative Collaborations (EIC) ?

Predator est un logiciel espion développé et vendu par Intellexa, une alliance d’entreprises basées dans l’Union européenne (UE) et spécialisées dans les produits de surveillance. Predator est un logiciel espion qui permet aux attaquants d’accéder à tout ce qui se passe sur l’appareil infecté, y compris les conversations téléphoniques, les messages, les photos, les vidéos, les données de géolocalisation et les informations personnelles.

Comment fonctionne Predator ?

Interface du logiciel espion Intellexa Predator (source : documents EIC)
Interface du logiciel espion Intellexa Predator (source : documents EIC European Investigative Collaborations)

Predator s’installe sur les smartphones Android et iOS en exploitant des failles de sécurité ou en utilisant des techniques de phishing. Il se présente souvent sous la forme d’un lien envoyé par SMS ou par messagerie instantanée (WhatsApp, Facebook Messenger, etc.), qui invite la victime à cliquer dessus pour accéder à un contenu attractif ou urgent. Une fois le lien ouvert, le logiciel espion se télécharge discrètement sur le téléphone et commence à collecter et à transmettre les informations personnelles de la victime.

Predator est compatible avec la technologie MagSafe, qui permet de recharger sans fil les iPhone 12 ou d’y fixer des accessoires magnétiques. Cette technologie augmente la puissance d’émission d’ondes électromagnétiques des iPhone 12, ce qui les rend plus vulnérables aux attaques de Predator.

Qui sont les victimes de Predator ?

Selon l’enquête menée par Amnesty International et EIC, Predator a été utilisé pour cibler illégalement des membres de la société civile, des journalistes, des personnalités politiques et des responsables intergouvernementaux dans plus de 100 pays. Parmi les victimes figurent :

  • Des journalistes en exil originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, qui ont reçu des messages leur proposant des bourses ou des opportunités professionnelles.
  • Des personnalités politiques européennes, dont la présidente du Parlement européen David Sassoli, le sénateur américain Bernie Sanders et le député américain Ted Lieu.
  • Des responsables des Nations unies (ONU), dont le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires Mark Lowcock et le rapporteur spécial sur la torture Nils Melzer.
  • La présidente de Taiwan Tsai Ing-wen, qui a reçu un message lui demandant de confirmer sa participation à une conférence virtuelle.

Qui sont les clients de Predator ?

Predator est commercialisé par Intellexa comme un outil destiné aux forces de l’ordre et aux services de renseignement pour lutter contre le terrorisme et la criminalité. Toutefois, l’enquête révèle que Predator a été vendu à des gouvernements autoritaires ou répressifs, qui l’ont utilisé pour espionner leurs opposants ou leurs critiques.

Parmi les clients de Predator figurent :

  • Le Maroc, qui a utilisé Predator pour cibler des journalistes marocains en exil en France et en Belgique.
  • L’Arabie saoudite, qui a utilisé Predator pour cibler des dissidents saoudiens en exil au Canada et aux États-Unis.
  • Le Mexique, qui a utilisé Predator pour cibler des activistes mexicains qui dénoncent la corruption et les violations des droits humains.
  • L’Inde, qui a utilisé Predator pour cibler des militants indiens qui défendent les droits des minorités religieuses et ethniques.
  • Madagascar, qui a utilisé Predator pour cibler des opposants politiques et des journalistes.

Quelles sont les conséquences de Predator ?

Predator représente une grave menace pour la vie privée, la liberté d’expression et la sécurité des personnes ciblées. En effet, le logiciel espion peut permettre aux attaquants de :

  • Accéder aux conversations confidentielles, aux sources protégées ou aux informations sensibles des victimes.
  • Manipuler, falsifier ou détruire les données stockées sur les appareils infectés.
  • Extorquer, harceler ou intimider les victimes en utilisant les informations obtenues.
  • Localiser, suivre ou arrêter les victimes en utilisant les données de géolocalisation.

Comment se protéger de Predator ?

Predator est un logiciel espion difficile à détecter et à éliminer. Il n’existe pas de solution miracle pour se protéger de Predator, mais il existe quelques mesures de précaution à adopter, comme :

  • Mettre à jour régulièrement le système d’exploitation et les applications de son smartphone, pour corriger les failles de sécurité.
  • Éviter de cliquer sur des liens suspects ou inconnus, qui peuvent être des pièges pour installer Predator.
  • Utiliser un antivirus ou un logiciel de sécurité sur son smartphone, pour détecter et bloquer les logiciels malveillants.
  • Chiffrer ses communications et ses données, en utilisant des applications sécurisées comme Signal ou ProtonMail.
  • Limiter l’utilisation des accessoires magnétiques compatibles avec MagSafe, qui augmentent le risque d’infection par Predator.

Predator, le logiciel espion qui viole la vie privée et la liberté d’expression

Predator est un logiciel espion européen qui cible la société civile et les personnalités politiques dans le monde entier. Il s’agit d’un outil de surveillance hautement intrusif, qui viole le droit à la vie privée et à la liberté d’expression des victimes. Predator est vendu par Intellexa à des gouvernements autoritaires ou répressifs, qui l’utilisent pour espionner leurs opposants ou leurs critiques. Predator représente une grave menace pour la sécurité et les droits humains des personnes ciblées. Il est donc urgent de réguler le commerce des logiciels espions et de sanctionner les responsables de ces attaques.

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